
LA VOIX DE BROME-MISSISQUOI

Apprendre le Québec à travers... des Québécois
Helen et Leticia sont belles à voir. Pétillantes, complices, les deux femmes se sont connues à travers le programme de jumelage en francisation du Sac à mots à Cowansville. La première a pris l’autre sous son aile, bénévolement, pour faciliter son intégration dans la région à son arrivée du Mexique. Et de ce « marrainage » est née une bien belle amitié.

Depuis de nombreuses années, l’organisme offre ce service gratuit aux personnes immigrantes qui souhaitent être jumelées à un bénévole pour des rencontres d’une à deux heures, au rythme d’au moins une fois par semaine. C’est la responsable de la francisation au Sac à mots, Gabrielle Laliberté-Auger, qui s’occupe de faire les présentations.
« C’est super flexible comme programme, car je peux jumeler les gens de Brome-Missisquoi selon leurs villes et leurs horaires. Généralement, je forme des duos, mais parfois je fais des trios. Je suis là pour établir le jumelage et après, je les laisse voler de leurs propres ailes. »

Malgré leurs différences, Leticia et Helen partagent une admiration mutuelle et plusieurs points en commun, comme leur intérêt pour l'enseignement, la culture et l’histoire. LAVOIXDELEST/JIMMY PLANTE
Malgré leurs différences, Leticia et Helen partagent une admiration mutuelle et plusieurs points en commun, comme leur intérêt pour l'enseignement, la culture et l’histoire. LAVOIXDELEST/JIMMY PLANTE
Les tuteurs bénévoles — ils sont une quinzaine chaque année — proviennent de la région, tandis que les nouveaux arrivants s’inscrivent via les ateliers de francisation ou le bouche-à-oreille.
« À ceux qui viennent d’arriver, les bénévoles apprennent aussi à se débrouiller au quotidien comme faire l’épicerie, comprendre l’argent, gérer leur correspondance, utiliser la bibliothèque ou s’inscrire à différents services », explique Gabrielle.
En étant pairés à des Québécois, les immigrants ont ainsi une occasion d’apprendre et de pratiquer le français en-dehors du travail, où ils se débrouillent souvent en anglais. « Il y a une intégration linguistique, mais ça apporte aussi une dimension sociale et culturelle. Le mari de Leticia, par exemple, est jumelé à quelqu’un avec qui il joue de la musique. D’autres duos ont de grandes conversations politiques », fait remarquer la jeune femme.
Gabrielle Laliberté-Auger affirme que le programme est un beau succès. « Les jumelages durent parfois des années. Il n’y a pas de fin si les gens veulent continuer à se voir. »
Différentes, mais semblables
C’est le cas de la Britannique Helen Elsworth, établie au Québec depuis 46 ans, et de Leticia Ferrer. Arrivée à Gatineau avec son mari en 2018, la Mexicaine s’est établie à Cowansville en 2019. Pourquoi? « Parce que mon fils habite à Gatineau et ma fille à Cowansville. La famille est maintenant réunie au Québec, avec nos trois petits-enfants », dit-elle dans un excellent français, en précisant qu’elle parlait déjà un peu la langue pour l’avoir étudiée brièvement dans son pays d’origine.
Lorsque Gabrielle lui a proposé un jumelage, elle n’a pas hésité. « J’en suis très contente. Helen est une très bonne enseignante, mais aussi une amie », ajoute Leticia, qui mène plusieurs activités de front, dont du bénévolat et l’enseignement à distance de la gestion de la restauration à l’Université de Mexico.

La responsable de la francisation au Sac à mots de Cowansville, Gabrielle Laliberté-Auger. LAVOIXDELEST/JIMMY PLANTE
La responsable de la francisation au Sac à mots de Cowansville, Gabrielle Laliberté-Auger. LAVOIXDELEST/JIMMY PLANTE
Malgré leurs différences, elles partagent une admiration mutuelle et plusieurs points en commun, comme leur intérêt pour la culture et l’histoire.
« Leticia est curieuse et elle saute sur chaque occasion pour apprendre. Elle se force à parler français, même si elle pourrait se débrouiller partout en anglais », constate Helen qui, forte d’une carrière en enseignement des langues, a accepté ce défi avec plaisir.
Amorcées en pleine pandémie, les rencontres entre les deux « jumelles » avaient lieu en vidéoconférence, une habitude qu’elles ont maintenue par la suite.
Leur relation n’est pas désincarnée pour autant. Chaque fois qu’elles se voient en personne, le courant passe. Elles sont allées ensemble au musée, au Fort Chambly, chez l’une, puis chez l’autre. Leticia et son mari ont même été invités au 70e anniversaire de l’époux d’Helen.
Comme quoi la francisation peut mener loin!
De plus en plus d’immigrants dans Brome-Missisquoi
Le territoire de Brome-Missisquoi attire de plus en plus de personnes immigrantes en provenance des quatre coins du monde.
Selon Statistique Canada, 520 individus s’étaient établis dans la région entre 2011 et 2021, alors que les données de l’Institut de la statistique du Québec révèlent que seulement en 2021 et 2022, déjà 106 personnes y avaient fait leur nid.
« On peut se fier sur ces chiffres, et aussi sur ce qu’on observe sur le terrain au SERY Brome-Missisquoi », affirme Tania Szymanski, coordonnatrice au développement des communautés et de l’immigration à la MRC de Brome-Missisquoi. Depuis l’instauration du bureau satellite de SERY à Cowansville en 2018, près de 200 personnes immigrantes y ont été accompagnées. Sans compter les 67 enfants et les huit conjoints liés à ces gens. Il faut savoir que ce ne sont pas tous les immigrants qui font systématiquement appel à l’organisme.
Le portrait révèle qu’une partie importante des nouveaux arrivants est originaire de l’Europe et de l’Amérique latine, suivie de personnes issues de l’Afrique et de l’Asie. Seule l’Océanie n’est pas représentée dans Brome-Missisquoi. La plupart de ces personnes arrivent au pays en famille.
La pénurie de main-d’œuvre explique principalement cette hausse d’immigration.
« De plus en plus d’entreprises, comme Kdc/One, Gelpac, Bonduelle, Rotoplast, des fermes et des résidences pour aînés, recrutent à l’international. Beaucoup de gens y travaillent avec un permis fermé renouvelable. Pour eux, c’est comme une porte d’entrée au pays, pour ensuite faire une demande de résidence permanente. »
« Oui, l’augmentation est en lien avec la pénurie de main-d’œuvre, mais ces personnes ne font pas que venir travailler chez nous, elles enrichissent aussi la communauté dans son sens large », insiste toutefois la coordonnatrice, en vantant les mérites du programme de jumelage du Sac à mots pour faciliter leur intégration.
Mme Szymanski indique que Brome-Missisquoi, contrairement à Granby par exemple, n’est pas reconnue comme terre d’accueil pour les réfugiés sélectionnés et parrainés par l’État. La région reçoit toutefois des demandeurs d’asile qui entrent au pays en souhaitant obtenir le statut de réfugiés.

Depuis de nombreuses années, l’organisme offre ce service gratuit aux personnes immigrantes qui souhaitent être jumelées à un bénévole pour des rencontres d’une à deux heures, au rythme d’au moins une fois par semaine. C’est la responsable de la francisation au Sac à mots, Gabrielle Laliberté-Auger, qui s’occupe de faire les présentations.
« C’est super flexible comme programme, car je peux jumeler les gens de Brome-Missisquoi selon leurs villes et leurs horaires. Généralement, je forme des duos, mais parfois je fais des trios. Je suis là pour établir le jumelage et après, je les laisse voler de leurs propres ailes. »

Malgré leurs différences, Leticia et Helen partagent une admiration mutuelle et plusieurs points en commun, comme leur intérêt pour l'enseignement, la culture et l’histoire. LAVOIXDELEST/JIMMY PLANTE
Malgré leurs différences, Leticia et Helen partagent une admiration mutuelle et plusieurs points en commun, comme leur intérêt pour l'enseignement, la culture et l’histoire. LAVOIXDELEST/JIMMY PLANTE
Les tuteurs bénévoles — ils sont une quinzaine chaque année — proviennent de la région, tandis que les nouveaux arrivants s’inscrivent via les ateliers de francisation ou le bouche-à-oreille.
« À ceux qui viennent d’arriver, les bénévoles apprennent aussi à se débrouiller au quotidien comme faire l’épicerie, comprendre l’argent, gérer leur correspondance, utiliser la bibliothèque ou s’inscrire à différents services », explique Gabrielle.
En étant pairés à des Québécois, les immigrants ont ainsi une occasion d’apprendre et de pratiquer le français en-dehors du travail, où ils se débrouillent souvent en anglais. « Il y a une intégration linguistique, mais ça apporte aussi une dimension sociale et culturelle. Le mari de Leticia, par exemple, est jumelé à quelqu’un avec qui il joue de la musique. D’autres duos ont de grandes conversations politiques », fait remarquer la jeune femme.
Gabrielle Laliberté-Auger affirme que le programme est un beau succès.
« Les jumelages durent parfois des années. Il n’y a pas de fin si les gens veulent continuer à se voir. »
Différentes,
mais semblables
C’est le cas de la Britannique Helen Elsworth, établie au Québec depuis 46 ans, et de Leticia Ferrer. Arrivée à Gatineau avec son mari en 2018, la Mexicaine s’est établie à Cowansville en 2019. Pourquoi? « Parce que mon fils habite à Gatineau et ma fille à Cowansville. La famille est maintenant réunie au Québec, avec nos trois petits-enfants », dit-elle dans un excellent français, en précisant qu’elle parlait déjà un peu la langue pour l’avoir étudiée brièvement dans son pays d’origine.
Lorsque Gabrielle lui a proposé un jumelage, elle n’a pas hésité. « J’en suis très contente. Helen est une très bonne enseignante, mais aussi une amie », ajoute Leticia, qui mène plusieurs activités de front, dont du bénévolat et l’enseignement à distance de la gestion de la restauration à l’Université de Mexico.

La responsable de la francisation au Sac à mots de Cowansville, Gabrielle Laliberté-Auger. LAVOIXDELEST/JIMMY PLANTE
La responsable de la francisation au Sac à mots de Cowansville, Gabrielle Laliberté-Auger. LAVOIXDELEST/JIMMY PLANTE
Malgré leurs différences, elles partagent une admiration mutuelle et plusieurs points en commun, comme leur intérêt pour la culture et l’histoire.
« Leticia est curieuse et elle saute sur chaque occasion pour apprendre. Elle se force à parler français, même si elle pourrait se débrouiller partout en anglais », constate Helen qui, forte d’une carrière en enseignement des langues, a accepté ce défi avec plaisir.
Amorcées en pleine pandémie, les rencontres entre les deux « jumelles » avaient lieu en vidéoconférence, une habitude qu’elles ont maintenue par la suite.
Leur relation n’est pas désincarnée pour autant. Chaque fois qu’elles se voient en personne, le courant passe. Elles sont allées ensemble au musée, au Fort Chambly, chez l’une, puis chez l’autre. Leticia et son mari ont même été invités au 70e anniversaire de l’époux d’Helen.
Comme quoi la francisation peut mener loin!
De plus en plus
d’immigrants dans
Brome-Missisquoi
Le territoire de Brome-Missisquoi attire de plus en plus de personnes immigrantes en provenance des quatre coins du monde.
Selon Statistique Canada, 520 individus s’étaient établis dans la région entre 2011 et 2021, alors que les données de l’Institut de la statistique du Québec révèlent que seulement en 2021 et 2022, déjà 106 personnes y avaient fait leur nid.
« On peut se fier sur ces chiffres, et aussi sur ce qu’on observe sur le terrain au SERY Brome-Missisquoi », affirme Tania Szymanski, coordonnatrice au développement des communautés et de l’immigration à la MRC de Brome-Missisquoi. Depuis l’instauration du bureau satellite de SERY à Cowansville en 2018, près de 200 personnes immigrantes y ont été accompagnées. Sans compter les 67 enfants et les huit conjoints liés à ces gens. Il faut savoir que ce ne sont pas tous les immigrants qui font systématiquement appel à l’organisme.
Le portrait révèle qu’une partie importante des nouveaux arrivants est originaire de l’Europe et de l’Amérique latine, suivie de personnes issues de l’Afrique et de l’Asie. Seule l’Océanie n’est pas représentée dans Brome-Missisquoi. La plupart de ces personnes arrivent au pays en famille.
La pénurie de main-d’œuvre explique principalement cette hausse d’immigration.
« De plus en plus d’entreprises, comme Kdc/One, Gelpac, Bonduelle, Rotoplast, des fermes et des résidences pour aînés, recrutent à l’international. Beaucoup de gens y travaillent avec un permis fermé renouvelable. Pour eux, c’est comme une porte d’entrée au pays, pour ensuite faire une demande de résidence permanente. »
« Oui, l’augmentation est en lien avec la pénurie de main-d’œuvre, mais ces personnes ne font pas que venir travailler chez nous, elles enrichissent aussi la communauté dans son sens large », insiste toutefois la coordonnatrice, en vantant les mérites du programme de jumelage du Sac à mots pour faciliter leur intégration.
Mme Szymanski indique que Brome-Missisquoi, contrairement à Granby par exemple, n’est pas reconnue comme terre d’accueil pour les réfugiés sélectionnés et parrainés par l’État. La région reçoit toutefois des demandeurs d’asile qui entrent au pays en souhaitant obtenir le statut de réfugiés.
